Ô combien de fois j’ai été effrayée. Vouloir atteindre une certaine perfection, sans déroger du soi dit « droit chemin », se comparer et se dévaloriser quand on pose un orteil (une orteil ? Whatever) hors de la « normalité ». Je ne peux pas croire qu’on se rend « pauvre de qualités » envers soi-même juste parce qu’on n’est pas assez malléable pour fitter dans le moule préconçu par la société. Le superficiel domine le naturel, quelle triste beauté! J’ai plutôt toujours admiré les personnes qui osent, qui foncent, qui échouent, mais qui recommencent, se démarquent par l’originalité, s’expriment et qui pour eux, la peur ne les paralyse pas.

Être perfectionniste, c’est épuisant. Ça nous tue à coup de règle parce que c’est bien ce que l’on essaie de suivre, les règles. Je pense avoir eu plusieurs chiffres d’étamper sur ma peau, mais celui qui me hantait le plus était le # 1. On dirait qu’il ne s’effaçait jamais, même si j’ai répété à plusieurs personnes que le # 2 est bien et parfois mieux que le premier. Dans ma tête, ça ne pouvait pas s’appliquer à moi. Être # 1 pour moi, c’était d’être une personne exemplaire dans tous les rôles de sa vie et aux yeux de tous. Je n’ai pas eu des parents m’imposant des critères de performances ni eu des amis jugeant chacun de mes choix et gestes. J’ai échoué à plusieurs reprises, d’où ces nombreux coups de règle, où je devenais le # 30, le dernier chiffre au bout de la règle qui représentait ma vie, dans toutes ses sphères. Ma confiance diminuait de fois en fois (je n’en avais pas au départ alors tu peux t’imaginer l’estime que j’avais de moi) et je me punissais mentalement d’être aussi incompétente dans les critères que je m’étais imposés envers les différents rôles de ma vie.

Ce qui est beau dans ce texte que j’ai écrit plus haut (bin oui, je me complimente, peux-tu croire ça) c’est que c’est écrit au passé. Je pense que la confiance en soi est le travail d’une vie, surtout quand tu pars de loin. Aujourd’hui, j’ai enfin déposé ma règle. Ce serait mentir de dire que parfois je n’ai pas des pensées déréglées (beau jeu de mots hein), mais je ne me « frappe » plus. J’ai maintenant pris l’habitude de prendre un crayon pour souligner mes accomplissements et mes fiertés. Contrairement à la vision que j’avais de la perfection envers ma personne, je crois maintenant que mes imperfections me définissent aussi bien que mes plus belles qualités. Lorsque le perfectionnisme se dit roi de notre cerveau, prends une pause et souviens-toi de ce que tu vaux.

 

Photo:  Sakura Considine