Après avoir fait ses études dans plusieurs domaines différents, c’est finalement dans la confection de yogourt artisanal qu’Éloïse Grondin-Bouchard a finalement trouvé sa voie. Rencontre avec une entrepreneure plus que déterminée à aller jusqu’au bout de ses rêves.

1. Parle-nous un peu de ton parcours personnel 

J’ai étudié la production animale, les sciences nature, la nutrition humaine, l’administration publique et finalement l’esthétique. Je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire alors je suis allée dans toutes les directions. Ma mère était la seule à y croire. Elle me disait: « continue Éloïse, tu vas trouver ta clé de voûte et tout ça va faire du sens, tu vas voir! » Elle avait raison, même pour l’esthétique.

Côté emploi, j’ai travaillé au service à la clientèle dans une salle d’entraînement et ensuite serveuse, puis gérante dans un restaurant.

2. Qu’est-ce Cult Yogourt et comment t’es venue l’idée de partir ce projet?

Cult fabrique des produits laitiers frais entièrement naturels à partir de lait de vache Jersey québécois (pas de lait en poudre, ni de concentré de protéines de lait, de gommes et de gélatine). Nous avons commencé avec le yogourt grec, puis nous avons développé un kéfir en pot, un kéfir à boire et le lait. Nous sommes présentement en train d’en développer d’autres.

J’ai habité quelque temps dans le sud de la France. J’étais tombée amoureuse d’un beau chef français, et il a dû retourner en France pour des histoires de papiers.  Ça a été une expérience extrêmement formatrice, à des niveaux que je réalise encore aujourd’hui. J’y ai entre autres découvert le yogourt et le fromage blanc. Je pouvais passer des heures à fouiller partout dans les épiceries et les boutiques spécialisées. J’en dégustais tous les jours et ça me manquait beaucoup une fois rentrée au Québec.

Plusieurs années plus tard, Adam, mon partenaire d’affaires et de vie, travaillait comme directeur marketing pour une compagnie de yogourt glacé, ce qui l’a amené à étudier les tendances du marché du yogourt. C’est comme cela que nous avons commencé à en faire dans ma cuisine avec des cultures provenant de partout à travers le monde.

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3. Qu’est-ce que tu aimes le plus du fait d’être une femme en affaires? Le moins?

Ce que j’aime le plus, c’est d’être maître de mes projets. C’est moi qui décide combien d’énergie je vais consacrer à telle ou telle tâche. C’est moi qui sais lorsqu’ on a atteint notre objectif et quand on ne l’a pas atteint. Par contre, cela vient aussi avec beaucoup de responsabilités et surtout sans manuel d’emploi!

4. Qu’est-ce qui te passionne le plus de ton métier?

Ce qui me passionne le plus, c’est d’être un agent de changement. À la base, notre produit est simple, mais l’entreprise touche beaucoup plus que les consommateurs et elle s’inscrit dans le contexte d’aujourd’hui. Nous travaillons avec des producteurs laitiers qui choisissent de travailler avec cette race de vache exceptionnelle, qui les traitent bien et qui font attention à la façon dont ils les nourrissent. Ils travaillent fort et sont fiers de voir leur lait transformé plutôt que mélangé au lait des autres producteurs pour les grosses compagnies. Dans un contexte de mondialisation, c’est important de valoriser le travail local, spécialement avec les changements qui s’annoncent pour l’industrie laitière. Alors nous fabriquons du yogourt, mais nous touchons aussi l’agriculture, l’alimentation, l’environnement, la santé et l’économie!

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5. Quelles ont été les difficultés que tu as rencontrées depuis que tu t’es lancée en affaires? Y a-t-il quelque chose que tu ferais différemment?

Je ne ferais rien de différent, mais je ne dirais probablement pas la même chose si j’étais seule dans l’aventure. J’ai la chance d’avoir un partenaire complètement différent de moi. Je sous-traite mes lacunes dans un sens. Je ne dis pas que tout est facile, mais on est jamais à court de solutions entre lui et moi. Les difficultés sont parties intégrantes de toute entreprise, et chacune est une occasion d’amélioration et d’adaptation.

6. Quelles sont les plus grandes leçons que tu as apprises depuis tes débuts?

La plus grande leçon est de suivre mon instinct et de toujours faire de mon mieux dans le moment présent. C’est difficile de se tromper avec cette formule-là. Je pense beaucoup à mon parcours scolaire. J’ai entrepris chaque projet avec enthousiasme, mais à la fin, j’avais toujours l’impression que ce n’était pas tout à fait ce que je voulais faire. Et je voyais mes amies avoir des carrières, des maisons, des enfants… je me demandais si je n’étais pas en train de manquer le bateau. J’ai continué à chercher et finalement, tout ça s’est mis en place d’une façon que je n’avais moi-même pas vu venir. Il y a juste ma mère qui y croyait fermement.

7. De quoi es-tu le plus fière ?

De la qualité de nos produits et de la réaction de nos clients.

8. Le meilleur conseil que tu aies reçu?  

J’aime beaucoup Oprah. Deux de ses conseils me reviennent souvent à l’esprit:

D’abord, les conditions moyennes d’une profession ne sont pas un pronostic. Si tu es exceptionnelle, ça va bien aller. C’est ça oser rêver.

Ensuite, quand quelqu’un te montre qui il est vraiment, crois-le. Ce conseil-là est important. Chacun présente son meilleur visage en société, c’est normal, on le fait tous. Mais quand quelqu’un fait quelque chose qui te choque et qui  te semble hors caractère, ne lui trouve surtout pas d’excuse. Ne fais pas l’erreur de l’ignorer parce que s’il y a un vrai problème dans le futur, ça va être de ta faute. On ne s’est pas tous déjà dit à un moment donné « merde, je le savais? »

9. À ton tour, quel(s) conseil(s) donnerais-tu à celles qui voudraient partir leur entreprise? Quelles habiletés sont nécessaires selon toi?

Choisissez bien votre partenaire, quelqu’un qui vous complète. C’est quelque chose qui revient souvent dans les articles qui parlent des qualités des meilleurs gestionnaires et entrepreneurs. Savoir déléguer. Bien déléguer commence par choisir la bonne personne et lui donner la latitude nécessaire ensuite. Ça demande un regard réaliste. Ça ne donne pas grand chose de se raconter des histoires, chacun a des défauts et des qualités. Misez sur les qualités et gardez à l’œil les défauts sans attaquer les gens. Faites-leur confiance. Ça fait ressortir le meilleur d’eux-mêmes.

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10. Qu’est-ce que le succès pour toi?

Savoir où je m’en vais!

11. À quoi peut-on s’attendre prochainement pour Cult Yogourt?

Encore plus de délicieux produits.

 

Photos:  Éloïse Grondin-Bouchard